Cet article est tiré du numéro d’automne 2022 de CCDG le magazine, à paraître très bientôt en papier, téléchargez-le en format numérique!
Avec De ta force de vivre, elle se questionne, elle questionne, elle cherche et elle recherche à propos de la mort, du deuil et de tout ce qui entoure cette expérience à laquelle nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre. CCDG le magazine s’est entretenu avec Marie-Ève, qui sera à Gaspé le 27 septembre pour présenter cette autofiction avec une part de documentaire.
PLUSIEURS T’ONT CONNUE AVEC LES SIMONE, MAIS TU N’EN ES PAS À TA PREMIÈRE PIÈCE. COMMENT TE VOIS-TU D’ABORD? AUTRICE? COMÉDIENNE? METTEURE EN SCÈNE?
J’aime écrire, je ne cherche pas trop à me mettre une étiquette. J’y vais selon les envies, les projets. Par exemple, si c’est une série télé, c’est la comédienne qui prend les devants. Mais je trouve angoissant de me placer dans une case. J’ai le syndrôme de l’imposteur facile; c’est plus simple de ne pas me « tagger », comme ça j’évite de trop me remettre en question!
DE TA FORCE DE VIVRE EST UN TITRE TRÈS IMAGÉ. QUELLE EST SA SIGNIFICATION?
La mort est collée à la vie, les deux sont intimement liés. Mon père adorait la vie et il ne voulait pas mourir. Le titre de la pièce fait référence aux façons qu’on trouve pour se dépasser, aller au-delà de nos limites. En vivant, en avançant, on a tendance à oublier que la mort existe. Mais c’est justement cette impulsion vers l’avant qui nous tient en vie.
COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON APPROCHE CRÉATIVE?
Le décès de mon père et le deuil m’ont fait réaliser à quel point la mort est taboue. On n’a pas les mots ou les connaissances pour l’aborder. Mon approche est basée sur mon expérience, mais aussi sur ma volonté de créer une sorte de coffre à outils pour
les endeuillés. Je souhaitais donner du sens à un événement très personnel sans rester dans l’anecdote, en parlant à l’autre et en offrant des réponses documentées à des questions universelles. Parce qu’une chose est certaine, on va tous vivre
l’expérience de la mort. Dans la pièce, je propose des pistes pour l’aborder. Les gens me disent souvent qu’ils ressortent de la pièce apaisés. La vie est forte, elle continue malgré les moments dramatiques!
MALGRÉ LE PROPOS, TA PIÈCE EST PLEINE D’HUMOUR ET D’AUTODÉRISION. EST-CE QUE L’HUMOUR T’AIDE À TRAVERSER LES ÉPREUVES?
L’autodérision fait partie de ma vie, dans toutes les facettes. Ça aide à ne pas se prendre au sérieux et à donner du sens aux situations absurdes. Je raconte d’ailleurs une anecdote dans le spectacle : au salon funéraire, on me proposait différents cercueils et je voulais honorer mon père en choisissant le meilleur… Ça, c’est aussi toute la business de l’industrie funéraire, un aspect que j’aborde avec la contribution de l’anthropologue et chercheure Luce Desaulniers. On me présentait donc plein d’options de cercueil, certains très, très chers… Mais j’’oubliais que mon père voulait être incinéré!